Biographie

 

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Peintre, Graveur, Editeur d'Art

 

Georges Visat est né en Corse, à Foce Di Mela le 2 janvier 1910. Il passe son enfance à Monte Carlo.
Après son certificat d’Etudes, à 14 ans, il devient apprenti dans l’imprimerie parisienne du maître imprimeur Léon Isidore. Il apprend la taille-douce qui est l’art de graver en creux le métal par divers moyens.
A 17 ans, il suit des cours de dessin et d’aquarelle à l’Académie Colarossi et à la Grande Chaumière.
Georges Visat est un homme d’une curiosité insatiable, il s’intéresse à tous les courants artistiques, à la littérature.
A 18 ans, il entre à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs.
En 1932, il travaille dans une imprimerie spécialisée dans l’impression en couleurs des gravures à l’eau forte.
1936, c’est le Front Populaire, il connaît le chômage, il va alors travailler sur les lignes de métro. Ouvrier, il parcourt les musées parisiens pour s’instruire, pour  " se former l’œil à la peinture " comme il le dira plus tard à son épouse Suzanne.
En 1937, il rachète l’atelier de son patron et fonde son imprimerie de taille-douce, rue Bourbon-le-Château  dans le 6ème arrondissement de Paris.
Après la seconde guerre mondiale, à son retour de captivité, il commence à peindre dans un style très personnel, non figuratif et monochrome et met en sommeil ses aspirations artistiques personnelles pour se consacrer  à l’étude de la gravure empirique.
Georges Visat se voit confier l’impression d’un ensemble de gravures de Decaris, ce sera une première rencontre déterminante pour l’imprimeur.
Il réalise pour Aimé Maeght des interprétations de toiles de Georges Braque en gravure, celui-ci en appréciait l’interprétation et le choix des couleurs. La reproduction des œuvres de cet artiste lui permettra de donner libre cours à sa fantaisie technique, découverte d’une manière empirique, dont la liberté d’expression et l’emploi approprié du hasard, aboutiront à la gravure en relief. Plus tard, consciemment ou inconsciemment, tous les graveurs modernes s’en inspireront. Cette pratique nouvelle de la gravure fit l’adhésion de peintre comme Léger, Miro, Chagall et Bazaine puis, par la suite, Max Ernst et Matta qui trouvèrent avec elle des possibilités d’accomplissement en accord avec leur art et leur sensibilité.
Georges Visat est convoqué au musée du Louvre pour reproduire une toile de Braque, " Le Guéridon noir ".
En 1949, il fait la connaissance de Max Ernst et Dorothéa Tanning . De cette rencontre naîtra une longue amitié et une étroite collaboration.
En 1957, le ministère des affaires étrangères a recours au graveur à l’occasion de la venue d’Elisabeth II d’Angleterre pour lequel il grave le menu du Chàteau de La Celle-Saint-Cloud. L’année suivante, il est choisi pour graver les cartes de vœux de la Présidence de la République.
En 1961, avec le soutien de Max Ernst et Alberto Giacometti, Georges Visat monte sa propre maison d’édition dans le but de sortir des livres d’art à tirage limité, avec des gravures signées d’artistes fameux comme Alanore, Alechinsky, Arikha, Bellmer, Brauner, Bryen, Camacho, César, Max Ernst, Folon, André François, Giacometti, Ljuba, Magritte, Masurowsky, Matta, Searle, Tanning, Wunderlich, Unica Zurn.
A partir de 1962, il soutient de jeunes artistes comme Baltazar, Cogollo et Le Boul’ch, édite des gravures et des ouvrages d’art d’avant-garde, comme " Jeu de trames " de Joël Stein, ou " Babil idyllique " du poète lettriste Roberto Altmann.
Isodore Isou chef de file du mouvement lettriste a recours au graveur.
Son travail est d’une telle valeur qu’André Breton en personne viendra le féliciter.
En 1969, sa galerie de la rue Bourbon-le-Château (la Galerie Suzanne Visat), accueille en permanence les œuvres d’artistes confirmés et débutants, tandis qu’il ouvre un nouvel atelier au 13 rue du Dragon, toujours à Saint-Germain-des-Prés et que le nombre d’artistes faisant appel à ses talents augmente régulièrement comme Arman, Arp, Geneviève Asse, Bacon, Baj, Ben, Bugnon, Chirico, Copley, Dado, Dali, Sonia Delaunay, Niki De St Phalle, Del Pezzo, Fassianos, Graverol, Hartung, Hastings, Hausmann, Hérold, Jacquet, Marcel Jean, Jorn, Kern, Klasen, Lam, Lichtenstein, Malaval, Masson, Mathieu, Matta, Messagier, Michaux, Moore, Nay, Nilsson, Man Ray, Penrose, Richter, Titus-Carmel, Velickovic, Vieira Da Silva, Wilhem.
Le cuivre devenu la quête du graal attire aussi des personnalités du monde littéraire André Breton, Tristan Tzara, Prévert, Aragon, Boris Vian, Pieyre de Mandiargues, Arrabal, Eluard, Queneau, Scutenaire, Bataille, Gui Rosey, Pierre Schëffer, Ghérasim Luca, Walberg, Joyce Mansour, Léna Leclerc.  

 

Il est indéniable de dire que certains d’entre eux profiteront largement de cette relation suivie avec lui pour enrichir leur œuvre gravé.
Parallèlement à cela, il reprend alors ses propres recherches, explorant tantôt les pulsions mystérieuses de l’inconscient et de l’instinct, tantôt les forces énergétiques du conscient et de l’idée.
Dans les années 60 à 70, il réalise de nombreuses toiles noires basées sur l’idée que la couleur était peut-être superflue pour exprimer un réalisme évident. Mais, un jour de découragement, il brûle toutes ses toiles.
Dans les années 70, il revient à la création personnelle sans discipline particulière et se consacre entièrement à la peinture.
De 1972 à 1976, il utilise essentiellement des pastels, mine de plomb, encre de chine et crayons de couleurs.
En 1977, il reprend la peinture à l'huile oú il donne enfin libre cours à ses pulsions secrètes et à ses intérieurs métaphysiques.
En 1978, il se retire dans le Béarn à Arzacq et se consacre pleinement à la peinture.
Thomas West critique d'art new-yorkais publiera en Novembre 1991 dans The Journal of Art:
 "Dans ses peintures et ses gouaches, il voyage vers un univers pré-Newtonien, là où élan, vitesse et distance ont été libérés des quatres dimensions.
L'espace, dans ces œuvres, est impalpable, les couleurs vaporeuses, et seule la présence de petites explosions et de formes mi-opaques suggère une rencontre entre le peintre et ses origines cosmiques".
En 1987, il est promu au grade d'Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres pour sa contribution au rayonnement de la culture française.
En 1988, il publie " Voyage Extra-terrestres d'un Naïf " dont il a également écrit les textes. L'impression  est réalisée par sa fille Armelle, une manière originale de perpétuer la tradition familiale.
Georges Visat a traversé le 20ème siècle au côté des plus grands artistes pour lesquels il s'est surpassé dans l'accomplissement des ouvrages confiés. De ces collaborations ont émané pour certains des amitiés indéfectibles.
On ne peut terminer sa biographie, sans parler de celle qui fut présente à ses côtés, lui vouant admiration et Amour, son épouse Suzanne qui  œuvre à perpétuer sa mémoire.Georges Visat nous quitte le 2 février 2001.      

 

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Prochaine mise à jour en février 2016